DS² : Efficacité des filets périmétriques contre Drosophila suzukii

Projet CASDAR Innovation et Partenariat : « DS² : Drosophila suzukii, développer des stratégies de gestion efficaces, économiquement viables et durables »


Durée : 2019-22
Porteur du projet : CTIFL, partenaire avec APREL, La Tapy, CA06, EPLEA Louis Giraud, Université de Picardie et l’INRAE
Financeur : CASDAR
Thématique : Drosophila suzukii, Filets

Présentation du projet et problématique

Les dégâts causés par Drosophila suzukii sont importants et en recrudescence depuis 2011, compromettant la production et déstabilisant des filières.
Polyphage, elle peut infester de nombreux fruits (cerises, fraises, petits fruits rouges..) et impacte tous les bassins de production.
Les pertes économiques conséquentes sont liées à des dégâts directs (abandons de récolte, écart de tri) et indirects (retour de lots contaminés, développement de bioagresseurs secondaires).
Les stratégies de protection actuelles peuvent être insuffisantes en cas de forte pression, et aucune stratégie alternative n’a montré d’effet probant hormis les filets mono parcelle ou mono rang par exemple, nécessitant généralement des investissements importants.

Un premier CASDAR DS2 a été mis en place en 2013-2016 pour mieux connaître la biologie du ravageur. Un des résultats en cerisiers est que le piégeage massif ne permet pas de réduire les dégâts mais qu’un passage au froid post-récolte est partiellement efficace pour ralentir le développement des larves.
Les filets mono-rang confèrent une protection efficace en contrepartie d’un coût élevé .

Le projet DS² a pour but de développer et transférer aux producteurs des stratégies de protection efficaces, durables et économiquement viables contre Drosophila suzukii.
La lutte biologique par acclimatation, un outil d’aide à la décision concernant toutes les cultures et l’utilisation de filets périmétriques et de plantes pièges sont des leviers étudiés dans ce projet, répartis entre les différents partenaires.

Sur le site de SudExpé, c’estl’efficacité de la mise en place de filets périmétriques qui est évaluée, ainsi que sa combinaison avec des stratégies de lutte phytosanitaire allégées sur la variété Noire de Meched et Summit.

  • En 2019, sur Noire de Meched, deux stratégies allégées ont été comparées à deux témoins et deux stratégies de références chimiques, implantés à la fois en dehors des filets périphériques et au sein des filets.
    La première stratégie allégée vise à se passer de l’IMIDAN, classé CMR et la seconde vise à réduire les résidus présents dans les fruits récoltés.
  • En 2020, sur Noire de Meched, une seule stratégie allégée avait été mise en place (alternative à l’IMIDAN) avec un témoin dans et hors des filets.
  • En 2021, dernière année d’essai, le témoin non traité était uniquement présent en dehors des filets, avec une stratégie chimique allégée au sein des filets et en dehors cette fois sur Noire de Meched et Summit.

Présentation des principaux résultats

  • En 2019, année à faible pression, la mise en place des filets résulte en une baisse du nombre de captures de D. suzukii à l’intérieur du filet, bien que certains spécimens continuent d’être capturés.
    Le témoin hors filet est fortement touché avec 70% de cerises atteintes au deuxième passage de récolte. Seule la modalité avec le traitement chimique de référence et couverte par un filet présente des niveaux de dégâts tolérables, suivie des modalités avec stratégies allégées sous filet.
    L’efficacité des filets ne s’est réellement observée qu’au premier passage de récolte.
  • En 2020, la pression est très forte avec des températures hivernales douces, tempérée par le mistral gênant le vol de Drosophila suzukii. Le nombre piégé est tendanciellement plus faible sous filets qu’en dehors. A partir de la récolte, le nombre de femelles piégé ne reflète plus la taille de la population présente, les fruits étant plus attractifs que les pièges.
    Cette année encore, l’effet du filet seul est observable, dès le premier passage de récolte avec 70% de fruits infestés sur le témoin hors filets contre 20% environ sur le témoin sous filets et des dégâts inférieurs à 10% de fruits touchés sur toutes les modalités traitées.
    Les dégâts restent importants en surmaturité (70% de fruits touchés sur le témoin sous filet contre 100% pour le témoin extérieur à surmaturité). Les modalités couplées à une stratégie chimique ne dépassent pas 10% de dégâts sous filets en surmaturité.
  • En 2021, les conditions de pression présageait une année d’intensité faible à moyenne. Les populations sous filet sont réduite de 75% au moment de la récolte de Noire de Meched. Au total, les niveaux de piégeage sont réduits de 67% entre l’extérieur et l’intérieur du filet.
    Sur Summit, les dégâts atteignent 9% des cerises contre 2% pour les modalités traitées avec ou sans filet.
    Sur Noire de Meched, au 2ème passage, seule la stratégie sous filet présente un niveau de dégâts acceptable. Sur le dernier passage de récolte en surmaturité, 98% des fruits sur le témoin non traité sont atteints, la stratégie chimique, moins touchée (56,5%) mais toujours de façon inacceptable par rapport à la modalité sous filet avec seulement 15% de dégâts.

L’efficacité du filet observée en 3 ans est de l’ordre de 70% en dernière année mais en conditions de pression faible, il n’apporte rien de plus par rapport à la stratégie phytosanitaire.
A court terme, il offre une solution de protection intéressante sur les vergers déjà installés et maintenir une qualité satisfaisante.
L’essai, mené sur 0.25 ha, gagnerait à être répétée sur une plus grande surface pour fiabiliser les résultats.
Les ouvertures de porte à la récolte sont des passages probables pour les mouches ; affiner le piégeage en intégrant les zones d’entrée permettrait de valider ou non ces hypothèses.

Comptes-rendus disponibles :

Compte rendu filets peripheriques 2019
Compte rendu filets peripheriques 2020
Compte rendu filets peripheriques 2021