Pucerons

En culture de melon, on retrouve quatres espèces de pucerons. La plus prédominante et préjudiciable pour la culture est Aphis gossypii.

Le puceron Aphis gossypii est largement répandu à travers le monde. Ce puceron est un ravageur majeur des plantes de la famille des cucurbitacées en raison de sa faculté à transmettre des virus. Extrêmement polyphage, le puceron A. gossypii se développe sur plus de 92 familles botaniques dont les solanacées, les cucurbitacées, les brassicacées, les fabacées, les apiacées et les alliacées. Dans les climats chauds, les pucerons Aphis gossypii se multiplient par parthénogénèse : la reproduction a lieu sans fécondation. Les œufs sont directement produits par la femelle adulte. La température optimale de reproduction est de 20 – 25 °C : la femelle produit alors en moyenne 2,8 larves par jour. Le puceron atteint sa maturité au bout de 5 jours. La couleur des pucerons A. gossypii peut varier du jaune au vert sombre. La femelle, longue de 2 mm possède 2 cornicules noires, les antennes sont plus courtes que le corps. L’extrémité des pattes est brune. Les pucerons sont généralement situés à la face inférieure des feuilles, souvent en association avec des fourmis qui les protègent.

Les symptômes observables sont des problèmes de jaunissement, blocage de croissance, déformation de feuilles, épaississement des limbes. Dans le cas des cucurbitacées à peau non comestible, les piqûres nutritionnelles sont à l’origine des ponctuations chlorotiques et peuvent déformer les jeunes feuilles qui sont enroulées et plus ou moins boursouflées.

Une réduction de la croissance des jeunes pousses, voire des plantes, peut être constatée. En plus des colonies de pucerons, on observe souvent des mues blanches et la présence de miellat à la surface des organes aériens du melon, sur lequel se développe la fumagine (sooty mold). La fumagine peut avoir plusieurs conséquences, notamment une réduction de la photosynthèse et de la respiration foliaire et la souillure des fruits rendus ainsi non commercialisables. Les pucerons sont surtout redoutables par leur capacité à transmettre plusieurs virus : CMV, CABYV, PRSV, SqMV, WMV et ZYMV. Les virus transmis par ce ravageur sont très préjudiciables pour la culture, car il n’existe aucun moyen de lutte contre ces derniers. Les pertes de rendement dues aux virus transmis par les pucerons peuvent atteindre 100%.

Pour le melon, ce sont principalement les bassins Sud-Est (5400 hectares) et Sud-Ouest (2300 hectares) qui sont impactés avec environ 8% des surfaces en agriculture biologique.

En culture de melon, l’existence du gène de résistance VAT (Virus Aphid Transmission) est un atout dans la protection contre le puceron. Cependant, même si cette résistance est forte, elle ne concerne qu’une espèce de pucerons : Aphis gossypii. Les autres espèces de pucerons ne sont pas affectées et toutes les variétés de melon ne possèdent par ailleurs pas ce gène. Les dégâts peuvent être très importants et compromettre la culture, surtout lorsque le puceron se développe précocement, par exemple sous les chenilles pour les cultures bâchées.

Les contournements du gène VAT sont désormais fréquemment observés et laissent présager une perte d’efficacité des variétés résistantes. Les agriculteurs et les conseillers de l’ensemble des bassins de production melon observent ces dernières années une hétérogénéité de résistance dans les variétés possédant le gène VAT. L’INRAE, étudie actuellement la question de ce contournement aléatoire de résistance. Les premiers résultats expliquent ce phénomène par l’apparition d’un nouveau clone de l’espèce de puceron Aphis gossypii, pouvant être plus résistant au gène VAT en fonction des variétés (clone CUC1 ayant supplanté le clone NM1, auparavant largement majoritaire). Ainsi, les deux facteurs à prendre en compte lors d’une infestation sont la composition des populations de pucerons selon les clones et la résistance variétale au clone CUC1. En outre, le gène VAT est tout autant efficace pour sa résistance aux virus, quels que soient les clones (NM1 et CUC1). Les partenaires de ce projet n’ont pas les connaissances ni la technique nécessaire à l’étude de la génétique d’Aphis gossypii (différenciation des clones par marqueurs microsatellite), élément clé pour comprendre la lutte contre ce bioagresseur et manquent de recul sur la répartition des clones par bassin de production.

Entre 2019 et 2021, SudExpé a participé au projet ECLIPSE (Evaluation de méthodes Combinatoires pour augmenter la résiLience des systèmes agricoles et gérer les Infestations de Pucerons en culture de Salades et mElons), financé par FranceAgriMer. Les objectifs de ce projet sont :

  • Déterminer l’efficacité des produits de biocontrôle sur le puceron en comparaison à un produit de référence homologué sur pucerons (comme le Karaté K, le Mavrik jet ou Teppeki),
  • Evaluer l’impact de ces produits sur les autres ravageurs (noctuelle, thrips…) et auxiliaires (coccinelles, micro hyménoptères, syrphes…)
  • Evaluer le coût économique des produits utilisés par rapport à leur efficacité.
Compte rendu - ECLIPSE Pucerons Melon - 2020
Compte rendu - ECLIPSE Pucerons Melon - 2021
Compte rendu - ECLIPSE Pucerons Melon - 2022